HealthManagement, Volume 2 - Numéro 1 / 2009

Le Point De Vue d’Une Radiologue Polonaise Au Royaume-Uni
Auteur

Dr Jolanta

Lapczynska

Consultant Radiologist

Aberdeen Royal Infirmary

Écosse, Royaume Uni

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Ces dernières années, le NHS a eu des difficultés à retenir un nombre suffisant de travailleurs de santé, ce qui a entraîné une pénurie de personnel médical. Le Royal College of Physicians en particulier a remarqué que cette pénurie était due à des départs en retraite anticipés et à la directive européenne sur le temps de travail limitant le nombre d’heures de travail du médecin. Dans cet article, je veux partager mon parcours de radiologue au Royaume-Uni pour en souligner à la fois les expériences positives et négatives.

 

Avant de décider d’aller travailler au Royaume-Uni, j’ai terminé ma formation en radiologie et j’ai travaillé dans un grand hôpital de Cracovie, partageant ma charge de travail hebdomadaire entre de nombreuses moda li tés. J’ai alors remarqué des annonces dans le Journal Médical polonais recrutant des remplaçants pour des établissements de santé britanniques. En mai 2005 j’ai décidé de postuler pour un emploi de trois mois en tant que « radio logist » au département d’imagerie de l’Aberdeen Royal Infirmary en Écosse, l’un des plus grands établissements médicaux du nord-est. Ensuite, quand un poste de « consultant radio - logist » à plein temps s’est ouvert, mon mari, qui fait de la recherche clinique, et nos trois jeunes enfants sont venus vivre au Royaume-Uni. En octobre 2005, j’ai donc commencé à travailler en tant que « consultant radiologist » spécialisée en imagerie du sein.

 

Il y a deux ans, quand je suis arrive ici, la seule chose que j’ai eu à faire avant de prendre mes fonctions a été de remplir quelques formulaires pour m’enregistrer au General Medical Council (GMC), à Londres. Mes quali - fications médicales ont été considérées comme équivalentes, et n’ont, comme mon expérience précédente, posé aucun problème.

 

On a récemment ajouté comme exigence un examen appelé IELTS (International English Language Testing System) qui valide une équivalence linguistique propre au jargon médical, afin d’avoir la garantie que la personne n’aura pas de problèmes de comprehension ; cette procédure ne se li - mi te pas aux travailleurs polonais, mais s’adresse à tous les travailleurs médicaux arrivant au Royau me-Uni dont la langue maternelle n’est pas l’anglais.

 

Une initiative du GMC est maintenant en place depuis mars 2007 pour prévenir les usurpations d’identité croissantes. Une fois que votre demande d’enregistrement a été expertisée, votre identité doit être vérifiée par le bureau du GMC à Londres. Une photographie est prise à ce moment-là et remise aux employeurs afin qu’ils puissent s’assurer de votre identité quand vous commencez à travailler. Les pièces necessaries pour être enregistré en tant que travailleur médical étranger autorisé à travailler en Grande-Bretagne incluent un certificat IELTS prouvant que vous avez validé ce test avec un score suf fi - sant, une attestation d’identité, la copie des diplômes ainsi qu’un certificat de «good standing» délivré par les autorités britanniques.

 

Radiologie Générale Ou Spécialisée

En Pologne, pour devenir radiologue senior, il faut suivre une formation de cinq ou six ans et réussir un examen final. Quand vous travaillez dans un grand établissement polonais, votre activité hebdomadaire est éclatée entre les différentes modalités du département, ce qui vous donne une bonne expérience pratique mais vous empêche de vous spécialiser. Si vous travaillez dans un petit établissement comptant peu de modalités, il se peut bien que vous ne puissiez pas tirer parti de la totalité de vos acquis.

 

Au Royaume-Uni, quand vous deve - nez « consultant radio logist », vous choisissez une sous-spécialité et suivez alors un clinicat spécialisé dans ce domaine. Vous suivez pendant au moins les quatre années qui suivent sept stages en imagerie d’organe, don’t quatre correspondant à votre choix. Ceci a pour effet de créer des experts très spécia lisés, avec des retombées positives pour les patients et les collè gues. Cependant, je peux dire que le rythme de travail ne nous laisse pas beaucoup de temps pour pratiquer d’autres sous-spécialités radiologiques et nous risquons de perdre des competences acquises.

 

Malgré mon expérience positive d’inté gration au Royaume-Uni, je garde à l’esprit que je pourrais avoir des difficulties à réintégrer le marché du travail polonais si nous rentrions avant ma retraite. Alors que mon mari travaille pour la même société qui l’avait embauché en Pologne et que mes enfants reçoivent une bonne éducation et n’ont pas perdu leur langue maternelle, ma perte d’expertise générale fait que je ne pourrai pas me refondre facilement dans le système de santé polonais: là-bas, meme en tant qu’expert en sénologie, on me demanderait quand même de faire preuve d’une bonne connaissance de la radiologie générale.

 

La Barrière Linguistique

Ma meilleure expérience de travail au Royaume-Uni a été de faire partie d’un service d’imagerie du sein qui fonctionne aussi bien, et je pense vraiment que nos patients ne pourraient pas être mieux traités. La langue, en revanche, est de loin le domaine le plus difficile pour s’intégrer dans un système de santé étranger et dans un autre pays. Cela fait deux ans que je vis ici et je ne me suis pas encore tout à fait adaptée non seulement au dialecte écossais parlé dans les rues, mais aussi aux abbreviations médicales dont les médecins britanniques raffolent. Vous devez non seulement déchiffrer l’écriture épouvantable de vos corres pondants, mais aussi leur système de codes avant de comprendre leurs demandes.

 

Ma pire expérience, cependant, s’est passée une nuit alors que j’étais de garde : j’ai reçu un appel d’un collègue qui insistait pour me faire faire un exa - men que je trouvais inutile. Dans mon pays, je n’aurais eu aucun problème à discuter de mon point de vue. Mais ici, au milieu de la nuit, alors que mon cerveau rêvait en polonais, j’ai fini par céder et par faire l’examen. J’espère qu’avec le temps mes compétences linguistiques me permettront, si nécessaire, d’exprimer efficacement mon désaccord.

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