HealthManagement, Volume 3 - Numéro 1, 2010

Auteur

prof. Dr thomas roeren

Chef de clinique

Institut für Radiologie, Kantonsspital Aarau AG

Aarau, Suisse

[email protected]

 

Le professeur Thomas Roeren est chef du service de radiologie à l'Hôpital cantonal de Aarau en Suisse. Il est professeur de radiologie à l'École de Médecine de l'Université de Heidelberg en Allemagne. Il a complété sa formation de radiologie à Freiburg, Philadelphie et San Antonio, avant de devenir assistant puis professeur agrégé à l'Université de Heidelberg. Il a mené des recherches expérimentales et cliniques, et conduit son activité clinique en se spécialisant en radiologie interventionnelle et abdominale. Il est actuellement le président sortant de la Société suisse de radio logie et membre de plusieurs sociétés radiologiques. Il s’intéresse particulièrement à la formation des juniors, et au développement de solutions multidisciplinaires intégrées en réponse aux problèmes cliniques.

 

Pouvez-Vous Nous Parler De La Société Suisse De Radiologie ?

La Société suisse de radiologie a été fondée en 1913 pour promouvoir la radiologie dans tous les domaines de la médecine, y compris la recherche clinique et fondamentale. Elle a fédéré toutes les spécialités d'imagerie jusqu'en l'an 2000 où, à la suite d’une réforme de l'enseignement de troisième cycle, trois sociétés ont été créées : la Société Suisse de radiologie (SSR), la Société suisse de radiothérapie et la Société suisse de médecine nucléaire.

 

Pouvez-Vous Nous Parler De Votre Travail ?

Je travaille à l'Hôpital cantonal de Aarau, un des trois plus grands hôpitaux non universitaires suisses. L'hôpital possède 600 lits. C’est un centre de soins tertiaires et de traumatologie qui reçoit un grand nombre de patients en ambulatoire. Le département de radiologie réalise environ 105 000 actes diagnostiques et plus de 3 000 procédures interventionnelles par an. Le service comprend 14 radiologues seniors et 12 internes, et emploie 45 techniciens et 12 employés. Nous avons des équipes spécialisées en neuroradiologie, radiologie interventionnelle, radiologie pédiatrique et en imagerie du sein.

 

Comment s’Effectue La Formation Des Radiologues En Suisse ?

Pour se spécialiser en radiologie, on doit effectuer une année d'études cliniques et cinq années dans des services de radiologie agréés. Les objectifs nationaux et les norms internationales nous demandant de réduire les années de formation postdoctorales à une durée de cinq ans maximum, l'année d'études cliniques n’est plus obligatoire.

 

Pour être approuvés, les programmes d'étude doivent proposer un parcours qualifiant assez élaboré sur toute la durée de l’internat, et régulièrement mis à jour. Depuis 2007, ces parcours font l’objet d’audits externes. Dans l’intervalle de ces vérifications, des questionnaires sont envoys aux internes chaque année afin d’évaluer ces programmes au regard de leurs attentes. Les résultats sont rendus publics et utilisés pour améliorer les programmes et accroître la concurrence.

 

L’examen de radiologie comprend deux parties : la première est une épreuve écrite que les internes effectuent généralement au cours de leur deuxième ou troisième année. Elle porte sur les connaissances anatomiques, techniques, biologiques, pharmacologiques, médicolégales, éthiques et économiques ayant trait à la radiologie. Le second examen, passé au cours de la dernière année ou juste après, comprend deux jours d'épreuves écrites et orales, ainsi que des présentations individuelles. Au cours de ces examens, les candidats doivent justifier de connaissances suffisantes dans toutes les sous-spécialités de la radiologie. Notre programme de formation postdoctorale encourage la compétence et la qualité. Une qualification en radiologue attribuée par la Suisse est exigée pour tous les radiologues employés dans notre département. La formation médicale continue est également très importante. Les médecins agréés doivent recueillir au moins 50 heures de crédits FMC par année. À défaut, le ministère de l'Intérieur est susceptible de leur retirer leur droit d’exercice.

 

Nous rencontrons évidemment des barrières linguistiques occasionnelles – tout le monde ne peut pas connaître plusieurs langues – et les professionnels qui changent d’employeur doivent apprendre ou apprendre à mieux maitriser une autre de nos trois langues principales. Mais à cet égard, nous ne sommes probablement qu’un petit peu en avance sur le reste de la communauté médicale européenne, la mobilité vers d'autres pays et d’autres langues tendant à devenir plus habituelle.

 

Nos examens peuvent se passer en allemand et en français. La configuration des systèmes informatiques n’est généralement pas un problème, l'Allemagne, la France et l'Italie étant des marchés importants et ces configurations linguistiques facilement disponibles.

 

Les Normes et Lignes Directrices Suisses Sont-Elles Différentes Des Normes Européennes ?

À ma connaissance, les lignes directrices suisses sont ajustées sur les lignes directrices de l'UE.

 

Pouvez-Vous Nous Parler De La Radiologie Interventionnelle ?

Un grand nombre de procédures de radiologie interventionnelle est effectué en Suisse chaque année. La radiologie interventionnelle n'est pas encore une sous-spécialité officielle, mais la Société Suisse de Radiologie Cardiovasculaire et Interventionnelle travaille sur un programme de sous-spécialité adapté. Les radiologues interventionnels affrontent ici les mêmes problèmes que leurs collègues européens : leur spécialité n'est pas suffisamment reconnue et encouragée et ils ont besoin de beaucoup d'énergie et

d'endurance pour accéder directement aux patients. Les radiologues ont traditionnellement toujours travaillé en tant que conseils et les autres spécialistes n’ont aucun intérêt à partager avec eux leur libre accès aux patients. L'information des patients sur les procédures radiologiques mini-invasives s'améliore, en particulier via Internet, mais elle est loin d'être suffisante.

 

Les Départements De Radiologie Emploient Deaucoup De Non-Ressortissants Suisses. Comment s’Assurer De Leur Niveau De Formation ?

La Suisse a en Europe la plus forte proportion d'immigrés, supérieure à 20 % de sa population. En raison de sa croissance rapide, notre système de santé emploie environ 30 % de non-ressortissants suisses. La plupart viennent des pays de l'UE, où les normes se sont adaptées pour atteindre notre niveau de soins. En 2002, la Suisse et l'UE ont convenu d'accepter leurs diplômes éducatifs et professionnels respectifs, et il n’existe fondamentalement aucune restriction pour les ressortissants de l'UE. Quant aux candidats d'autres pays où les normes ne sont pas comparables, ils doivent réussir les examens suisses avant de pouvoir travailler.

 

Comment Encouragez-Vous Les Etudiants à Choisir La Radiologie ?

Comme dans d'autres pays européens, la radiologie en tant que spécialité distincte dans le cursus de l'étudiant en medicine est en danger. Toute réforme dans la formation médicale fait craindre la disparition de l’enseignement et des cours de radiologie en tant que tels. L'étudiant ne choisira pas cette spécialité s’il n’a pas de référence à des modèles vivants ou s’il n’a pas au moins une idée de l'impact que la radiologie peut avoir pour un patient. Nous recevons des étudiants de diverses universités et pays, qui viennent pourun stage de un à trois mois. Ils n’ont rien vu de plus en radiologiequ’une radiographie pulmonaire, mais ils sont fascinespar son rôle central dans la gestion moderne des patients.Nous devons nous assurer que tôt, au stade d’étudiantet au p lus d e début d’ in t e rnat , les jeunes aient b ienconscience de l'impact clinique du radiologue.

 

Pouvez-Vous Nous Parler Des Programmes d'échange De La Société Européenne De Radiologie ?

Nous venons d ’accueil lir un stagiaire d u program me d'échang e europée n. Il venait du Royaum e- Un i e t a travaillé avec notre équipe pendant une semaine. Cet échange d'idées et de perceptions était une occasion unique de parvenir à une compréhension mutuelle des différences et des similitudes de nos programmes de troisième cycle et de nos formations cliniques. En fin de compte ce sont les impressions personnelles et les connaissances interpersonnelles qui feront q u e nous pl a nifierons et c onstruirons ou n on un avenir européen commun à notre spécialité.

 

Pourriez-Vous Donner des Conseils à Des Gestionnaires ?

Je suis heureusement loin d'être un ancien et malheureusement loin d 'être un sage, mais si j e pens e que mes ex p é ri e nces per so nnel les p ourraient être in t é ress a ntes, je pourrais dire :

 

• Nos procédures diagnostiques ou thérapeutiques doivent servir le patient et non simplement satisfaire le médecin demandeur de l’examen. En tant que spécialiste en radiologie, chacun d’entre nous est individuellement en mesure de choisir et d'adapter ses procédures aux besoins du patient,

• Nous devons être compris : une description radiologique est nécessaire, mais sa traduction en réponse au problème clinique posé est essentielle,

• Nous devons prendre des décisions au sens clinique – et donc insister personnellement sur l’accès à l'information clinique – et prendre des responsabilités. On doit donner la priorité au diagnostic différentiel, et faire des recommandations sur les compléments d’investigation.

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