HealthManagement, Volume 2 - Numéro 1 / 2009

Interview avec

Prof. Guy Frija

Chef de service

Département de radiologie

Hôpital Européen,Georges Pompidou

Paris, France

 

) Quelle est votre opinion à propos de l’impact de la crise économique mondiale sur la radiologie?

La réponse à cette question est complexe car trois types de paramètres doivent être pris en compte : d’une part les grands fabricants de matériels d’imagerie appartiennent pour la plupart à des conglomérats, d’autre part dans de très nombreux pays les dépenses de santé sont relativement sociali - sées, enfin la crise économique affecte toutes les régions du monde mais de façon très inégale. Compte tenu de cela, l’impact de la crise économique sur les conglomérats risqué de frapper des activités qui ne sont pas liées à celle de l’ima - gerie, mais cela aura naturellement des conséquences indirectes sur leur santé financière. Dans cette hypothèse, il y a donc à craindre que les politiques d’économie au sein de ces grands groupes puissent au final affecter l’imagerie. Et cela, même si les marchés mondiaux se maintiennent malgré la crise actuelle dans la mesure où les dépenses de santé ne s’arrê tent pas brutalement au gré des fluctuations boursières. Enfin, même si tous les pays du monde sont touchés, certaines régions le sont moins et pourraient devenir des moteurs de la croissance dans le domaine de l’imagerie.

 

Les domaines les plus affectés par la crise seront ce que j’appel - lerai des dépenses de communication: dépenses publicitaires, soutiens à des congrès, soutiens à des actions d’ensei gnement et de recherche.

 

) Est-il possible d’assister à une chute du nombre de radiologues si le marché diminue?

Il n’y aura pas, à mon avis, de récession générale du marché de la radiologie car, comme je l’ai déjà mentionné plus haut, les dépenses de santé ne peuvent pas s’arrêter brutalement. En revanche, la radiologie sera appelée à modifier son organisation du travail afin de permettre un accès généra lisé à l’imagerie grâce au développement industriel de la téléradiologie. En Europe, les directives européennes sur Cross Border Health Care sont l’amorce d’une véritable revolution dans le marché de l’offre de soins. Plutôt que d’une récession, je parlerais plutôt d’une dynamique invitant à de nouvelles organisations.

 

La course à la productivité est constante, la pratique de la téléradiologie va se généraliser car l’outil industriel est mature. Par ailleurs et en Europe en tout cas, la telemedicine et la téléradiologie qui en fait partie sont invitées à se développer ; il n’est pas impossible que se généralisent ensuite des attributions « aux mieux disants» comme cela commence à se produire aux États-Unis.

 

) Cela va-t-il affecter la recherche?

Je ne pense pas que les centres académiques puissent être suffisamment touchés par la crise pour être conduits à ralentir ou interrompre des activités d’évaluation de recherche ou d’innovation. Il est probable que dans certains pays comme la France, cette crise pourrait être l’occasion de concentrer les efforts sur des centres d’excellences, qui devraient voir indirectement leurs moyens augmenter.

 

) Comment l’industrie pourrait-elle aider la radiologie et d’autres services de soins de santé à sortir de la récession?

Pour faire face à la récession, il faut consolider les activités existantes et en développer de nouvelles. Consolider les activités existantes passe inévitablement par l’analyse de l’uti - lité des examens que l’on réalise : une pression de plus en plus forte se manifestera dans ce domaine vis-à-vis des professionnels de santé. Développer d’autres activités repose tout d’abord sur le maintien des activités de recherche et d’innovation sans lesquels le système va rapidement s’asphyxier. Enfin, il faut que la radiologie serve de moteur au développement des systèmes d’information; il faut developer les projets de PACS régionaux et nationaux, bref développer une véritable industrie de la circulation et du stockage des images. Cependant, ce développement doit se faire en coordination avec les politiques nationales qui visent à informatiser les systèmes de santé. Par chance, de nombreux fabricants de matériels d’imagerie ont aujourd’hui largement investi dans ces domaines et il faut essayer d’en tirer profit.

 

Pour terminer, l’industrie de l’imagerie vient de vivre de très belles années avec, en retour, des profits significatifs pour les fabricants. Aujourd’hui, la situation est différente et sans doute très difficile pour eux : il ne faudrait pas qu’après de longues années de profits, ce soit la profession radiologique qui fasse les frais de coupures budgétaires telle que la diminution des supports aux grands congrès et d’une manière générale aux grandes sociétés de radiologie européennes et nationales. Une telle éventualité ne pourrait que compliquer la tâche de tous et en particulier des industriels. De façon très indirecte, cela ne pourrait que ralentir le développement et l’adoption des innovations dans les pratiques quotidiennes.

 

Il y a fort à parier, dans une telle hypothèse, que les communautés nationales et internationales réagiraient avec beaucoup de vivacité.

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