HealthManagement, Volume 4 - Numéro 2, 2011

Auteurs

Catherine Pinelli Dumont

l. Matéos

B. Sagner

Dr S. Bommart

Prof. Hélène

Vernhet Kovacsik

Hôpital Arnaud de Villeneuve

CHU de Montpellier, Montpellier, France

catherine-pinell

[email protected]

 

Ce travail rapporte les modalités de mise en place et les resultants initiaux de la prise en charge globale de la douleur par l'hypnoanalgésie dans un secteur hospitalier de radio - logie interventionnelle périphérique.

 

L'équipe soignante est partie du constat initial suivant : Le service de radiologie vasculaire ne bénéficiant des services des anesthésistes, de façon programmée, que durant un nombre limité de vacations, leur intervention était limitée à l'activité de radiopédiatrie, aux actes devant absolument se faire sous anesthésie générale (par exemple, embolisations complexes à la « colle ») et aux patients de réanimation. De ce fait, tous les autres patients ne bénéficiaient pas d'analgésie, même si l'acte était long, difficile, ou la personne fragile et non coopérante.

 

De plus, en dehors des créneaux horaires où les anesthésistes étaient présents, des gestes invasifs urgents relativement douloureux devaient être réalisés. L'exemple le plus pertinent est l'angioplastie de fistules artérioveineuses, geste inducteur de douleurs chez des patients déjà douloureux chroniques. Face à ces situations où la prise en charge de la douleur n'était pas complètement réglée et pour pallier à ce manque, le service a ressenti et exprimé le besoin d'une aide supplémentaire. Cela nous a conduit à modifier nos pratiques professionnelles et nous avons introduit une méthode non pharmacologique d'analgésie, l'hypnoanalgésie.

 

l'Hypnoanalgésie

L'hypnoanalgésie est un état de conscience modifiée, qui permet au patient d’accepter et de suivre les suggestions positives. Son efficacité thérapeutique a été démontrée. Elle permet de réduire les doses d’analgésiques. Dans notre service, l'hypnoanalgésie repose sur l'hypnose conversationnelle avec ou sans administration de mélange équimolaire d'oxygène et de protoxyde d'azote (MEOPA). Le MEOPA assure une analgésie de surface, une sédation consciente, une anxiolyse et une euphorie, et facilite la focalisation sur un « autre objet » que le geste.

 

L'hypnose est un mode de fonctionnement psychologique dans lequel un sujet, grâce à l'intervention d'une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnementale tout en restant en relation avec l'accompagnateur (J.Godin). L'état hypnotique commence par une condition de relaxation physique et mentale, associée à une focalisation sur un ou plusieurs objets : les suggestions initials de l'état hypnotique sont alors dirigées vers ces deux buts. L'attention est concentrée et focalisée, il y a absence de jugement ou de censure. La notion de temps et de lieu est suspendue. Les réponses sont presque automatiques : cet état permet l'incorporation de suggestions hypnotiques, don’t celle de l'analgésie.

 

En pratique, après consentement et adhésion du patient, on lui demande ce qu'il veut vivre pendant l'examen. Les techniques hypnotiques utilisées sont alors l'imagination et l'imagerie mentale. Le soignant est présent à la tête du patient et un dialogue soignant/soigné s'instaure qui intègre la perception par le patient des sensations perçues lors de l'examen. Ainsi, guidé par la voix et emporté par une method d'hypnose conversationnelle, le patient va pouvoir gérer et réguler sa perception douloureuse. L'hypnose, contrairement aux antalgiques, va permettre d'agir sur la dimension psychique de la douleur et va avoir comme effet une baisse du recours aux antalgiques.

 

Deux Types d’Interventions

Nous avons ciblé deux types d’interventions et donc deux populations de patients, chacune ayant une dimension de la douleur différente :

 

Les Angioplasties De Fistules Artérioveineuses (FAV)

Ce type d'examen nous posait la plus grande difficulté, s’agissant d’un geste douloureux chez des patients chroniques et difficiles, connaissant très bien leur pathologie.

 

Les Poses De Port-a-Cath (PAC)

La pose d’un PAC est un examen extrêmement différent, pas forcément douloureux, mais avec une dimension humaine très particulière, puisque ce sont souvent des patients abasourdis par un diagnostic d'annonce très récent et généralement pas habitués aux procédures de soins et à la structure hospitalière.

 

Les Outils Et Leur Mise En Oeuvre

Le service a consulté le Comité de LUtte contre la Douleur (CLUD), qui a pour fonction de conseiller et d'orienter les travaux des services. Sous son impulsion et ses conseils, il a pu valider les protocoles médicamenteux existants et les remanier tout en restant dans la limite de ce qui peut être fait sans la présence d’un anesthésiste en salle. Des protocoles de prescription et de surveillance de ces traitements ont été mis en place, et des formations spécifiques sur la douleur ont été proposes à l'ensemble du personnel, ainsi qu’une formation MEOPA.

 

Les référents douleurs au sein du service ont été formés à l'hypnoanalgésie, enseignement dispensé par l'IFH (Institut de Formation Hypnose). De ce fait, nous avons mis en place une evaluation des pratiques professionnelles qui a permis de modifier la feuille de surveillance de la salle de radiologie vasculaire afin de pouvoir y intégrer systématiquement l'échelle visuelle analogique de la douleur (EVA) du patient allant de 0 (absence de douleur) à 10 (douleur maximale imaginable). L'utilisation de cette échelle donne une vue d'ensemble de la prise en charge de la douleur et permet la traçabilité de l'efficacité du soin antalgique prodigué et du suivi du patient (Figure 1).

 
Figure 1 : Feuille de surveillance



Figure 2: Échelle visuelle analogique de la douleur (EVA) sous hypnoanalgésie et avec MEOPA


Une Etude Et Ses Résultats

Nous avons réalisé une étude rassemblant trente patients pour chaque examen. L'intensité de la douleur était cotée selon l'échelle EVA avant l'acte, en début d'acte et en fin d'acte.

 

Sur un temps de procédure moyen de 45 min, on a pu constater que pour les FAV (patients en insuffisance rénale chronique, tranche d’âge 21-86 ans), les résultats de l'EVA ne dépassent pas 2. Le chiffre le plus important au moment clé de la procedure (dilatation au ballon) est en moyenne de 1.6, chiffre tout à fait acceptable témoignant du peu de douleur ressentie. Par expérience, lors des procédures précédentes sans hypnoanalgésie, les douleurs étaient ressenties comme insupportables et parfois tellement installées que résistantes aux morphiniques. Pour les PAC (patients traités par chimio ou antibiothérapie, tranche d’âge 15-79 ans), le chiffre le plus élevé se situe en début de procédure, ce qui correspond essentiellement au ressenti du patient face à sa dimension psychique du moment (Figure 2).

 

Au vu des chiffres obtenus, on peut clairement dire que l'hypnoanalgésie comme aide à la prise en charge globale de la douleur a permis d'obtenir des chiffres tout à fait acceptables de score EVA. Cependant, l'analyse globale des résultats doit tenir compte du fait qu’elle est utilisée en association avec une prise en charge médicamenteuse.

 

Conclusion

En définitive, l'hypnoanalgésie :

est une approche humaine du patient ;

permet une gestion de la douleur aiguë et chronique (FAV et PAC) ;

permet une gestion de l'anxiété associée aux gestes douloureux (on sait que l'angoisse majore les phénomènes douloureux) ;

engendre une amélioration de la communication soignant/soigné : une vraie relation de qualité basée sur la confiance s'instaure ;

les patients donnent un retour positif de leur vécu ;

il existe une vraie optimisation du soin à l'hôpital. L'hypnoanalgésie est un soin à part entière, elle est efficace, collégiale et reconnue.

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